Les punchlines de Mix ô ma prose : le versant lumineux de l'absurde
À travers deux recueils de punchlines, Tout est provisoire, même ce titre, et Circonstances exténuantes, Mix ô ma prose nous livre un désespoir sans concessions. Exprimant des idées-chocs en jouant avec les sonorités et la polysémie des mots, il braque cruellement le projecteur sur tous les aspects sombres du monde et de l'existence.
La condition humaine :
Rien de moins bandant
Que la vérité toute nue.
L'absurde existentiel :
Je m'agite dans tous les sens
Pour oublier son absence.
L'injustice :
Contre mon impuissance à changer le monde,
Aucun viagra.
Les contraintes sociales :
Ma vie parmi les hommes :
Syndrome de Stockholm.
Le désastre écologique :
Sauve la planète,
Plante un humain !
La superficialité :
Tellement léger
Que ça en devient lourd.
Les mensonges de l'espoir :
Évidemment tout est à portée demain.
Les inégalités sociales :
Un riche : des pauvres.
La surpopulation et la concurrence :
Même pour une place de parking,
Il faudra bientôt faire un casting.
La procréation (clin d'œil à l'antinatalisme de Théophile de Giraud ?) :
La procréation : un crime avec préméditation.
Etc.
Mix ô ma prose ne croit en rien, mais contrairement à certains « déçus » qui prônent les vertus de la souffrance et se complaisent dans le champ lexical du Calvaire et de la Crucifixion par incapacité de digérer la mort de Dieu, il préfère rire et s'amuser.
Il dégonfle la gravité de « l'esprit de sérieux » – ce fantôme de la religion qui hante encore beaucoup d'athées.
Si la vie n'a pas de sens, inutile de se charger d'une croix, quelle qu'elle soit.
Enfin, la sévère critique du monde tel qu'il est exprime un niveau élevé d'exigence morale, une haute idée du monde tel qu'il devrait être : l'humanisme et le respect du vivant, comme la liberté, se trouvent au bout de la lucidité.
Mais comme le note bien l'auteur, il ne s'agit pas de remettre le bonheur à demain, d'espérer un monde meilleur comme les croyants espèrent le Paradis, mais de vivre au présent (la seule éternité vraie) et de construire ce monde meilleur ici et maintenant, sans espoirs, mais joyeusement : « mieux vaut un présent qui fredonne que des lendemains qui chantent. »
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