Ni Pro-Vie, ni Pro-Mort, mais Pro-Choix




Être Pro-Vie, c'est empêcher les autres de mourir sans douleur, les forcer à vivre même s'ils ne le veulent plus, même s'ils souffrent atrocement.

Être Pro-Mort, c'est inciter les autres au suicide, les empêcher de bien vivre, les délaisser, voire les tuer ou les laisser mourir alors qu'ils veulent vivre.

Être Pro-Choix, c'est n'être ni Pro-Vie ni Pro-Mort : n'imposer aux autres ni la Vie ni la Mort, n'exercer sur eux aucune pression... mais leur laisser le choix, respecter leur liberté. Leur offrir toutes les cartes en main possibles pour bien vivre – tout en leur donnant aussi les moyens de bien mourir.

Agir « par choix », c'est « ne pas agir par contrainte ». Faire quelque chose par peur des conséquences si on ne le fait pas, c'est le faire par contrainte. Par exemple, vivre par choix, ce n'est pas vivre par peur de mourir, mais vivre parce que l'on juge qu'il est rationnel pour nous de vivre, et mourir par choix, ce n'est pas mourir par peur de vivre, mais mourir parce que l'on juge qu'il est rationnel pour nous de mourir.

Ainsi, c'est seulement lorsque les autres mettent tout en œuvre pour que je puisse "bien vivre" (contre les Pro-Mort) tout en me permettant également de "bien mourir" quand je le décide (contre les Pro-Vie) que je peux véritablement me dire : "j'ai le choix entre vivre et mourir." D'où la nécessité éthique d'un revenu universel et d'un droit au suicide assisté pour toute personne majeure. Seul le revenu universel permet de ne pas vivre en esclave et de ne pas mourir par peur de vivre, seul le droit au suicide assisté permet de ne pas mourir en souffrant et de ne pas vivre par peur de mourir.

(Le « revenu universel » devrait être distribué sous la forme de « chèques-nourriture », « chèques-logement », « chèques-culture », etc... afin de ne pas permettre aux individus de dépenser tout leur revenu dans des biens inutiles. Seule une part réduite du revenu nous serait accordée sous forme d'argent pur, car dans le cas contraire, bien sûr, l'économie s'effondrerait. Quant au droit au suicide indolore, il faudrait prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les abus possibles (assassinat des vieux, incitation des faibles au suicide, etc). Il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas des animaux raisonnables. Mais de la même manière que ce n'est pas parce que l'on peut écraser des gens avec une voiture qu'il faut interdire les voitures, ce n'est pas parce que le revenu universel et le droit au suicide indolore peuvent avoir des effets pervers qu'il faut les interdire : il faut seulement les organiser et les encadrer. Ce n'est pas parce que la liberté a ses dangers que l'on peut se permettre de cracher sur elle : il faut seulement faire en sorte que l'article 4 de la Déclaration des droits de l'Homme soit respectée : "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.")


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